Publié le 25 janvier 1984 à 00h00 -
" Une épidémie de boules à zéro ! ", dit le capitaine Michel Bouvet de ses gendarmes auxiliaires qu'il a découverts, un beau matin, tous le crâne tondu à l'excès sans qu'aucun ordre de ce genre ne leur ait été donné par le commandement. Emulation ? Imitation de ce qu'ils croient être le style d'une troupe d'élite ? Ses gendarmes se contentent de rire en guise de réponse. Ancien Saint-Cyrien, sorti dans le Génie et passé, depuis, dans la gendarmerie mobile, le capitaine Bouvet commande, depuis octobre 1983, à Melun, l'escadron de marche des gendarmes auxiliaires, qui s'apprêtent à partir pour Beyrouth : cent vingt-six hommes au total, parmi lesquels quatre-vingt-treize appelés du contingent trois fois volontaires pour un service long, pour être affectés au Liban et, enfin, pour faire ensuite carrière dans la gendarmerie nationale.
Au quartier Pajol, dans les locaux affectés au groupement de gendarmes auxiliaires (l'équivalent d'un régiment de mille trois cents hommes) commandé par le colonel André Blottiaux, l'escadron de marche de Beyrouth s'entraîne au maniement d'armes inhabituelles dans la gendarmerie : le fusil d'assaut FAMAS, que seule la garde républicaine utilise à ce jour, ou le lance-roquettes antichars LRAC-89, dont la possession par la gendarmerie laisse deviner la place et le rôle prochainement dévolus aux gendarmes dans la défense opérationnelle du territoire. Deux séjours en camp d'entraînement de l'armée de terre, celui de Sissonne (Aisne), ont permis à ces recrues de recevoir une instruction militaire du combattant, individuelle et collective, analogue à celle des autres appelés du contingent, et de se familiariser, de surcroît, à la technique de la guérilla urbaine. Une brève séance de diapositives a tenté de les sensibiliser aux méandres de la vie politique et confessionnelle du Liban qui les attend.
Ces gendarmes auxiliaires ressemblent, apparemment, au millier d'autres appelés que le quartier Pajol, à Melun, abrite depuis juillet dernier et que la gendarmerie emploie en renfort, en Seine-et-Marne, dans l'Essonne ou dans le Val-d'Oise, ou en garde statique pour la sécurité des aéroports parisiens et de certains bâtiments publics. Mais les " GA " (comme on les appelle) de l'escadron de marche de Beyrouth ont ceci en propre qu'ils souhaitent, tous, après leur mission de quatre mois dans la capitale libanaise, revenir en France pour se présenter en école préparatoire de la gendarmerie et devenir sous-officier. " C'est leur motivation numéro un et une exigence, aussi, de notre part ", explique leur capitaine, bien avant la solde (4 500 F par mois à Beyrouth, au lieu des 900 à 1 000 F de l'appelé-service long) et, même, avant le goût du risque.
Francis Auversaque
Commentaires
1 Gueble Le 03/01/2025
J'ai recroise Audurier a de nombreuses reprises ainsi que bien d'autres sous off sur différents escadrons de Mobiles.
Maintenant tous sont a la retraite mais BEYROUTH a été une belle aventure dans le chao Libanais
2 AUBRY Eric Le 13/07/2021