Outre l’inspiration patriotique et poétique, l’allégorie marque également par sa position élancée et son visage expressif le combat militaire révolutionnaire, la patrie en danger, les armées étrangères aux frontières et les engagés volontaires, auxquels répondent l’officier haranguant ses hommes et le sabre de Rouget de Lisle posé contre une chaise. La composition d’ensemble offre une vision poétique du moment créatif tout en accentuant les éléments patriotiques d’un chant emblématique de la période révolutionnaire autant que des luttes sociales et politiques de tout le XIXe siècle.
INTERPRÉTATION
Idéal républicain, fougue révolutionnaire et symbolisme se mélangent dans cette toile afin de donner au sujet et surtout à sa source d’inspiration — La Marseillaise — toute sa dimension patriotique. Premier hymne national moderne, La Marseillaise joue un rôle de pionnière dans l’expression manifeste d’une conscience nationale. Malgré une double dimension – révolutionnaire et nationale – qui lui a valu une image parfois ambivalente, ce chant s’est vu définitivement consacré comme hymne national avec l’avènement de la IIIe République et la célébration du centenaire de 1789. Outre cet aspect conjoncturel, le tableau illustre parfaitement le rôle de ce chant dans les exploits militaires des armées françaises révolutionnaires, comme l'a évoqué Olivier en 1820 dans son Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution : “ Les générations à venir s’étonneront de voir des chansons figurer au nombre des causes des succès militaires, mais il n’en demeure pas moins avéré que ces couplets, pleins d’énergie et de patriotisme, accompagnés par la musique la plus martiale, animèrent une jeunesse ardente, contribuèrent à faciliter les levées, enflammèrent le courage des soldats et leur firent soutenir les privations avec autant de gaieté qu’ils affrontaient les dangers. ”
Bibliographie
Chantal GEORGEL et Robert DELBART Marseillaise, Marseillaise : anthologie des différentes adaptations depuis 1792 Paris, Cherche-Midi, 1992.Frédéric ROBERT La Marseillaise Paris, Imprimerie nationale, 1989.Philippe BORDES Musée de la Révolution française, catalogue des peintures, sculptures et dessins Paris, RMN, 1996.
Pour citer cet article
Pascal DUPUY, « Rouget de Lisle composant la Marseillaise », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15 février 2021. URL : http://histoire-image.org/fr/etudes/rouget-lisle-composant-marseillaise
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