Le dimanche 20 octobre 1991 vers 22 heures à Tournefeuille (31), quatre gendarmes circulant à bord d'une Peugeot 505 sérigraphiée repèrent une Volkswagen Golf, stationnée en lisière du bois de la Ramée et dont l'immatriculation présente une irrégularité. La patrouille de Gendarmerie décide naturellement de s'arrêter pour procéder au contrôle des occupants, sans savoir qu'il s'agit des auteurs d'un vol à main armée, commis dans un fast-food de Toulouse (31) une vingtaine de minutes auparavant.
Les quatre gendarmes mettent tout juste pied à terre que deux hommes, alors occupés à se partager un butin d'environ 10 000 francs, abandonnent précipitamment la Golf pour s'enfuir en courant en direction du bois. Le Gendarme Auxiliaire Philippe Tremblier fonce derrière eux en sautant deux tranchées et prend de l'avance sur ses camarades au point d'être perdu de vue. Parvenu à rattraper les deux criminels, le jeune militaire s'apprête à saisir l'un d'eux lorsque ce dernier brandit un pistolet, ouvrant le feu à bout portant sur son poursuivant qui, lancé dans sa course l'arme à l'étui, tente de dégainer pour se défendre. Atteint au thorax par 3 balles de calibre 11,43 mm, le GA Tremblier succombe à ses blessures dans les minutes qui suivent. Malgré l'arrivée progressive d'importants renforts de Gendarmerie et de Police pour cerner les lieux et réaliser une battue, le tueur et son comparse parviennent à disparaître, non sans laisser d'importants indices aux enquêteurs. Le lendemain des faits, des portraits robots sont largement diffusés. Il apparaitra par ailleurs que la Golf avait été volée à Carcassonne (11).
Interpellé par le GIGN en juin 1992 à Gruissan (11), Alain Chantaduc (47 ans) est formellement identifié comme le meurtrier du jeune appelé, bien qu'il ne daigne pas assumer ses actes et qu'il refuse de fournir la moindre explication. Déjà multiplement condamné par le passé, il est jugé devant la Cour d'Assises de Haute-Garonne en juin 1996 et est condamné à la réclusion criminelle dite à perpétuité (période de sûreté ignorée). Michel Perrin (36 ans), son complice présumé, est arrêté en Belgique début 1993. Déjà condamné également à plusieurs reprises, il était en cavale depuis juin 1990, date à laquelle il s'était évadé du bureau d'un magistrat qui l'auditionnait pour d'autres faits criminels. Mis en examen et placé en détention provisoire, ce dernier sera finalement relâché et jamais poursuivi, faute de preuves.
Né le 21 mai 1972 à Thiers (63), le Gendarme Auxiliaire Philippe Tremblier affichait 1 an de services et avait choisi la Gendarmerie pour effectuer son service militaire. Affecté au Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie de Colomiers (31), il avait déjà essuyé un coup de feu lors de sa formation de gendarme auxiliaire à Saint-Astier (24). Sur le point d'intégrer l'école de Gendarmerie de Montluçon après avoir validé le concours sous-officier, c'était le dernier jour de son service national. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Fils de gendarme, célibataire et sans enfant, il avait 19 ans.
La caserne du Groupement de Gendarmerie Départementale de Haute-Garonne, située à Toulouse, porte depuis le nom du GA Tremblier.
copie extraite du site Mémorial des Gendarmes Mort pour la France
La compagnie Toulouse-Mirail n’oublie pas Philippe Tremblier. Mercredi dernier, les militaires ont rendu hommage à ce gendarme adjoint volontaire de 19 ans tué le 20 octobre 1991 au lac de la base de loisirs de la Ramée.
Trente ans après ce drame, le commandant Nicolas Charrier et son capitaine, Philippe Crouts de Paille, ont tenu à l’honorer. "Je remercie le capitaine pour son initiative. Il a retrouvé les archives ainsi que plusieurs témoins de l’époque", souligne le commandant. Lors de la cérémonie, une gendarme adjointe volontaire a rappelé les circonstances de cet assassinat. "C’était son dernier jour, il patrouillait avec ses collègues lorsqu’il a par hasard croisé la route de braqueurs. L’un d’eux a ouvert le feu, Philippe s’est écroulé. Après plusieurs mois d’enquête, Alain Chantaduc a été appréhendé puis condamné à perpétuité", résume-t-elle, avec émotion. Peu de temps après ce meurtre, la caserne de gendarmerie avait d’ailleurs été rebaptisée caserne Philippe Tremblier.
article de la Depeche octobre 2024
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