On constate la prégnance de la geste impériale dans un choix qui relie symboliquement la Garde municipale de Paris – créée le 4 octobre 1802 pour la surveillance de la capitale et dissoute en 1813 – et une Garde républicaine qui en est érigée comme l’héritière, alors que les deux formations ont peu de points communs, si ce n’est la localisation. Malgré le caractère autocratique du régime impérial et des batailles qui relèvent plus de la conquête que de la défense, la Troisième République n’hésite pas à exalter à un passé militaire synonyme de grandeur nationale une institution qualifiée de « républicaine ».
Après la Seconde Guerre mondiale, en 1955, l’inscription « Indochine 1945-1954 » s’ajoute aux quatre précédemment évoquées, rendant ainsi hommage aux militaires de l’unité ayant pris part à cette campagne, le plus souvent dans des postes de campagne isolés.
C’est en 1913, à l’occasion de la fête nationale, que la Gendarmerie retrouve un emblème, attribué par la décision ministérielle du 21 mai 1913. Mais, contrairement à l’usage militaire, le drapeau est attribué à une institution, non à un régiment, ce qui pose immédiatement la question du lieu de sa garde. L’année 1913 pose également question ; pourquoi cette année alors qu’il était déjà question de lui attribuer un emblème à la fin du XIXe siècle ?
Peut-on l’expliquer par le contexte de veillée d’armes qui caractérise l’Europe ? Quoiqu’il en soit, quatre batailles sont rapidement inscrites, dès novembre, sur cet emblème confié à la légion de Paris : « Honschoote », « Villodrigo », « Taguin » et « Sébastopol » ; aucune date n’est associée à ces batailles, comme si leur connaissance allait de soi. Pourtant certains déplorent même qu’aucune notice historique ne soit diffusée dans l’arme, aussi les capitaine Burlat et lieutenant Durieux publient-ils en 1914 un ouvrage intitulé Le Drapeau de la Gendarmerie. Son histoire – Ses batailles.
Sans entrer dans le détail de chacune d’elles, soulignons toutefois que le choix, contrairement au drapeau de la Garde républicaine, a ici puisé dans divers registres : la défense de la patrie durant la Première République avec Honschoote en 1791 ; les conquêtes napoléoniennes et la guerre en Espagne avec les combats à Villodrigo en 1812 ; les conquêtes coloniales de la Monarchie de Juillet avec la bataille menée contre Abd-el-Kader à Taguin en 1843, puis le siège de Sébastopol en Crimée, au début du Second Empire.
Quatre régimes, avec quatre types de bataille qui permettent ainsi d’exalter la fonction combattante de la Gendarmerie à un moment où les relations internationales sont particulièrement tendues.
Comme pour la Garde républicaine, la Gendarmerie se voit honorée avec l’inscription « Indochine 1945-1954 ». Les participations à divers titres de la Gendarmerie mobile et de la Gendarmerie départementale en Tunisie, au Maroc, mais évidemment surtout en Algérie, font l’objet ultérieurement de l’inscription « AFN [Afrique du Nord] 1952-1962 ».
Élément d’identification et instrument de transmission d’une tradition, les drapeaux conférés à la Garde Républicaine puis à la Gendarmerie nationale par la Troisième République sont ceux qui continuent aujourd’hui d’être mis à l’honneur. Ils rappellent aux « soldats de la Loi » leur identité militaire qui perdure malgré les changements de régime et de ministère, plus encore, une fonction combattante dans laquelle des gendarmes s’illustrèrent aux côtés des autres armées par le passé et aujourd’hui encore en OPEX
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