Le képi

HISTOIRE DU KÉPI

La coiffure militaire a subi dans tous les temps et dans tous les pays de nombreuses variations. Les uns n'ont voulu prendre en compte que son côté guerrier en imposant à cet effet les éléments nécessaires pour préserver le soldat des coups de sabre et une forme lui permettant de manier ses propres armes sans gêne, les autres l'ont considérée plus spécialement sous le rapport hygiénique et de la mode et ils préférèrent s'attacher à son dessin, ses ornements, sa légèreté et aux moyens de garantir la tête d'une chaleur pénible.

La conquête de l'Algérie allait devenir le point de départ d'une nouvelle réflexion sur la coiffure du soldat. Encombrant au combat, inefficace contre la chaleur, le schako qui équipait la grande majorité des soldats de nos armées allait subir sous l'impulsion du général Bugeau de nombreuse transformations qui conduiront à la création d'une nouvelle coiffure : le képi. L'histoire de cette coiffure en gendarmerie n'est pas un cas isolée. Elle a tout simplement ses particularités que je vais vous retracer ici. Gardons cependant à l'esprit, que l'invention de cette coiffure est due à l'infanterie française et que la gendarmerie a été l'une des premières armes à l'adopte


 

1830

L'armée française débarque en Algérie

Lorsque l'armée française débarqua en juin 1830 en Algérie, la troupe était vêtue avec les uniformes et attributs qu'elle portait en métropole. À la suite Fusilier - grenadierd'expéditions militaires menées sur le territoire algérien on se rendit vite compte que ces tenues n'étaient adaptées ni aux circonstances ni au climat.

Après le chapeau de feutre, le schako en tronc de cône renversé fut mis en usage dans les régiments d'infanterie. Cette coiffure empruntée aux Hongrois avait conquis dans nos institutions, sous l'Empire et la restauration, une situation inébranlable dans nos armées. Cependant, elle se révéla être l'un des éléments de la tenue présentant le plus d'inconvénients, dont celui de ne pas être adapté aux besoins du soldat en campagne.

Avec un centre de gravité placé trés haut à cause de la hauteur de sa forme et alourdie par tous les ornements et les objets que les soldats plaçaient à l'intérieur de cette vaste coiffure, il était difficile de la maintenir en place. Pour y parvenir, il était nécessaire qu'elle soit pourvue d'une jugulaire pour l'empêcher de tomber lorsque les mouvements de la tête venaient compromettre son équilibre. Pour cette raison, les soldats ne manquaient pas de s'en débarrasser dès qu'ils entraient en campagne si l'autorité militaire n'avait pas préalablement eu la précaution de faire verser cetteGendarme et son chapeau coiffure au magasin.

Outre son incommodité, le schako ne préservait pas du soleil. Durant les premières campagnes, on dénombra de nombreux cas d'insolation ayant entraîné la mort de soldats. La première disposition prise, pour protéger la troupe des effets néfastes du soleil, consista à placer entre la tête et le schako un mouchoir blanc dont les pointes flottantes retombaient sur les épaules.

Quelque temps plus tard, on confectionna un couvre-schako en toile blanche, mais ce nouvel attribut ne supprima pas le caractère inadapté de cette coiffure au nouveau théâtre d'opérations. Très vite, les médecins militaires s'emparèrent du problème et proposèrent, pour protéger les hommes de l'action directe des rayons solaires, de faire subir à l'uniforme une transformation pour les troupes envoyées en Afrique et notamment à la coiffure.

Les gendarmes, coiffés du chapeau, ne furent pas immédiatement concernés par cette mesure et durent patienter. En 1833, le maréchal Jean-de-Dieu Soult duc de Dalmatie proposait à Louis-Philippe Ier  « Que le corps de Gendarmerie formé en 1830 pour faire partie de l'expédition contre Alger et maintenu jusqu’à ce jour sous le titre de Force publique, reçoive la dénomination de Gendarmerie d'Afrique ». Il proposait également de réduire l'uniforme de cette formation aux effets composant la tenue de service de la gendarmerie départementale et de substituer au chapeau, le schako en usage à la 17e légion (la Corse) pour les gendarmes à cheval et à pied. Il semble cependant que cette mesure n'ait pas été mise en application très longtemps.

1833

La casquette d'Afrique

La nouvelle coiffure qui devait remplacer le schako des fantassins ayant conquis l’Algérie fit l’objet de nombreuses études de la part du Comité d’infanterie. Une dizaine de prototypes furent créés et mis à l’essai dans les différents corps de l’armée d’Afrique. Au mois de juillet 1833, le Comité d’infanterie arrêta son choix sur un modèle qui présentait à leurs yeux le meilleur compromis. Il avait été élaboré en prenant en compte plusieurs facteurs. Il y avait bien sûr son maintien sur la tête, son efficacité contre le soleil, mais on avait également tenu compte de l’armement et de laCasquette d'afrique Mod. 1833 - infanterie façon dont combattaient les Arabes. Des combats que les troupes avaient menés contre l’ennemi, les officiers avaient tiré plusieurs enseignements dont celui de l’inutilité d’avoir une coiffure qui garantisse la tête des coups de sabre.

En s’inspirant du schako, le modèle retenu par le Comité d’infanterie présentait déjà toutes les caractéristiques du futur Képi. Sa carcasse était en tronc de cône rétréci vers le haut et comportait une visière en bec-de-canard. Cette nouvelle coiffure, dépouillée de tout ornement, fut désignée sous le nom de casquette (1) d'Afrique.

Elle était composée d’un bandeau de 50 mm de haut, d’un turban de 140 mm de haut et d’un calot sur lequel le drap était froncé autour d’un bouton.

Petit à petit, cette casquette fut mise en usage dans tous les corps d’armée employés en Afrique. Son côté pratique ayant été réglé par plusieurs améliorations techniques, il ne restait plus qu’à la parer des attributs et ornements propres à chaque corps militaire. Pour ne pas alourdir inutilement cette nouvelle coiffe, et distinguer les troupes, on la confectionna en drap aux couleurs des différentes armes. On affecta au bandeau la couleur de l’habit et au turban et au calot la couleur du pantalon. Ainsi, les casquettes de 1833 pour l’artillerie et le génie avaient le turban, le calot et le bandeau bleu de roi, les passepoils du bandeau, du turban et le bouton du calot écarlate. Les autres armes avaient le turban et le calot garance, le bandeau, les passepoils du bandeau, du turban et le bouton de calot bleu de roi, les chasseurs d’Afrique avaient le turban et le calot garance, les autres éléments étaient bleu céleste. Quelque temps plus tard, ces coiffures furent ornées de l’insigne du corps d’appartenance.

(1) Ce nom vient du mot casque. Les plus petits et les plus simples en usage dans les armées avaient été nommés « casquets » de là est venue le mot casquette pour indiquer une coiffure légère et réduite à sa plus simple expression.

1834

La gendarmerie d'Afrique coiffe la casquette d'Afrique

Comme les autres corps de troupe, les gendarmes substituèrent au shako la casquette d'Afrique. Dans un courrier du 19 novembre 1834 qu'il adressait au ministre, le comte Drouet d'Erlon, gouverneur général de l'Algérie, proposait plusieurs mesures Casquette d'Afrique - Modèle 1833pour la réorganisation et l'administration de la gendarmerie d'Afrique. Certaines d'entre elles concernaient la tenue. Dans sa réponse du 3 janvier 1835, le ministre les approuvait dans son ensemble et autorisait que « la casquette d'Afrique continue d'être portée par les gendarmes et qu'il ne soit plus fait usage du shako ». Dans une circulaire du ministre de la Guerre du 14 novembre 1835, concernant le renouvellement des effets d'habillement, la collection type des effets pour la gendarmerie d'Afrique faisait apparaître pour la première fois la casquette d'Afrique et sa coiffe.

Il faut attendre l'instruction du 18 avril 1836 (1) pour connaître plus en détail la forme et la couleur de la casquette attribuée à la gendarmerie d'Afrique. C'était une coiffure rigide, haute de forme, en drap bleu avec une bande de drap écarlate large de 50 mm formant bourdalou au bas du turban. Le calot était bordé d'un passe-poil écarlate qui recouvrait également les coutures des quatre pièces de drap formant le turban. Sur son milieu était placé un macaron de bois recouvert de drap écarlate. La carcasse rigide était faite en carton rendu imperméable. La visière de style carrée était en veau verni, doublé en vache lissée. Les jugulaires en veau verni se fixaient au moyen de deux petits boutons d'uniforme.  

L'appartenance au corps était signalée par une grenade placée sur le devant du turban à la hauteur de la bande de drap écarlate. La grenade, suivant le grade, était identique à celle des basques du surtout. Elle était à 13Infanterie flammes, en fil blanc pour les gendarmes, en filé d'argent pour les officiers et en filet d'argent avec le centre de la bombe en laine bleue pour les brigadiers et les maréchaux des logis.  Cette casquette haute de 200 mm devant et 215 mm derrière pouvait être recouverte d'une toile en percale vernie avec couvre-nuque.

Au cours de la même année, le général Bugeaud qui avait été envoyé en Algérie pour écraser la révolte d'Abd el-Kader, se fit confectionner une drôle de coiffure avec deux visières pour se prémunir du soleil. Toujours sur la base d'un shako rigide et haut de forme qu'il avait fait élargir et dépouillé de ses attributs, son propriétaire avait fait rajouter une visière circulaire plus large sur le devant et une derrière.
Cette coiffe, devenue une véritable curiosité (2), ne cessa d'être améliorée par la suite pour tendre vers une coiffe pratique et efficace. La disparition de la visière arrière laissa la place à un nouvel accessoire le fameux couvre-nuque en calicot blanc.

La casquette d'Afrique devait encore subir de nombreuses modifications. Pour améliorer son maintien, ses contours se rapprochèrent de la forme du crâne. Désormais, la coiffe n'était plus posée sur la tête, mais l'emboîtait parfaitement. Sa visière en bec-de-canard céda la place à une visière ronde pour permettre au soldat d'avoir le nez et les yeux protégés des rayons solaires tout en conservant un champ visuel maximum.

Pour abaisser son centre de gravité, la hauteur totale de la casquette de la gendarmerie d'Afrique fut réduite, en 1839 (3), de 50 mm la ramenant à 125 mm devant et 165 mm derrière. Cette diminution entraîna la modification des proportions de chaque élément composant la casquette d'Afrique qui conservait sa rigidité et son aspect général.

(1) Instruction N° 1275 du 18 avril 1836.

(2) Cette coiffe avait fait l'objet de la fameuse chanson :« As-tu vu la casquette, la casquette, As-tu vu la casquette, du père Bugeaud ? ».

(3) D.M. du 10 février 1839.

1840

Le bataillon des voltigeurs corses reçoit la casquette d'Afrique

En 1840, l'armée d'Afrique adoptait un nouveau modèle de casquette. Avec une carcasse en cuir, son calot avait été Casquette d'Afrique - 1838recouvert d'un enduit blanc réfractaire aux rayons du soleil. Un couvre-nuque remplaçait sa coiffe noire. Il était orné d'une cocarde maintenue par une ganse en laine de la couleur des passepoils pour la troupe, ou en tresses carrées or ou argent pour les officiers. À ces ornements se rajoutait sur le turban au-dessous de la cocarde le numéro des compagnies ou une grenade en cuivre.

Les casquettes destinées aux officiers reçurent également sur la partie supérieure du turban des tresses plates dorées ou argentées figurant les grades. Pour les colonels : 5 rangs de tresses ; lieutenant-colonel : 5 rangs, les 2e et 4e étant du métal opposé au bouton ; chef de bataillon, chef d'escadron et major : 4 rangs ; capitaine : 3 rangs ; lieutenant : 2 rangs ; sous-lieutenant : 1 rang. Les adjudants ont comme les sous-lieutenants un rang de tresse, mais du métal opposé au bouton.

La gendarmerie d'Afrique ne fut pas concernée par ces changements. En prévision des marchés concernant le renouvellement des effets d'habillement de la gendarmerie qui devait s'effectuer le 1er janvier 1841, le ministre de la Guerre précisait, dans une circulaire (1) adressée aux conseils d'administration des corps de la gendarmerie,Képi du général Bugeaud - (source BNF) les modifications qu'avait subies l'uniforme de l'arme depuis cinq ans. À l'égard des coiffures, il rappelait les modifications apportées, en 1839, à la casquette d'Afrique et sa décision (2) de remplacer le schako en usage dans le bataillon de voltigeurs corses par la casquette d'Afrique.

Cette casquette, de la même taille que celle de la gendarmerie d'Afrique, se distinguait par ses turban et bandeau bleus, son impériale (le calot) noire vernie et son couvre-nuque en toile cirée ou imperméabilisée. Elle était ornée d'un corps de chasse en cuivre jaune.

Cinq ans plus tard, dans une ordonnance du 17 juin 1845, Louis Philippe Ier décidait de réorganiser le bataillon de voltigeurs corses. À cette occasion, le bataillon recevait un nouvel uniforme. Parmi les nouveaux effets, la casquette d'Afrique était supprimée et un nouveau schako prenait sa place. La carcasse de ce nouveau schako n'était plus en carton, mais en cuir léger recouvert d'un manchon de drap bleu de roi. Il était garni au sommet d'un galon de laine de même couleur de 40 mm et à la Bonnet de police modèle 1845base d'un bourdalou en cuir verni noir de 25 mm de largeur. Il était orné sur le devant d'une cocarde que soutient une ganse formée de trois brins de tresse carrée en laine bleue de roi et un petit bouton d'uniforme. Il avait une visière inclinée, un calot noir, une jugulaire en cuir verni noir et surmonté d'un pompon bleu.

Une décision royale du 25 juillet 1843 avait autorisé l'adoption d'un nouveau modèle de bonnet de police dit à visière dans les troupes à pied. C'est à l'occasion du renouvellement de leur uniforme que les voltigeurs corses recevaient également un bonnet de police de la forme d'une casquette. En drap bleu de roi et passepoil de drap bleu, ce bonnet de police était garni d'une visière cintrée en cuir noir verni.

Les grades se distinguaient de la manière suivante : pour l'adjudant sous-officier, le passepoil bleu séparant le bandeau du turban était remplacé par une tresse plate couleur or. Pour les officiers, le nombre de tresses plates couleur argent qui surmontaient le bandeau indiquait le grade (sous-lieutenant : 1 rang ; lieutenant : 2 rangs ; capitaine : 3 rangs ; chef de bataillon : 4 rangs ; pour le capitaine adjudant-major (3) : le rang du centre était en or).

(1) Circulaire du 26 septembre 1840.

(2) D.M. n° 1593 du 23 juillet 1840.

(3) Adjudant signifiant adjoint, aide, il y avait à cette époque dans l'armée française plusieurs types d'adjudants. Les adjudants-majors, les adjudants sous-officiers et les adjudants des places qui étaient rattachés à un état-major. L'adjudant major était l'officier chargé d'en seconder un autre. Il était chargé de commander le service journalier, de surveiller et de diriger l'instruction dans les corps etc. enfin ils étaient chargés des détails de la police générale et du service commun à toutes les compagnies. Les adjudants majors succédèrent en 1791 aux aides et aux sous-aides majors. Chaque bataillon d'infanterie avait un adjudant major. Ces officiers pouvaient être pris parmi les capitaines ou les lieutenants. Ce grade permet à son titulaire d'avoir le rang immédiatement en dessous de l'officier qu'il sert.

Texte en audio - partie 2 (1846 - 1857)


 

1846

La casquette d'Afrique prend le nom de KÉPI

 L'instruction du 24 août 1846 n'apporta aucun changement à la casquette d'Afrique, mais elle fut désignée sous le nom de Képi (par la suite képy avec un y). Ainsi, les coiffures pour la gendarmerie étaient réparties de la manière suivante : la gendarmerie départementale conservait le chapeau et le bonnet de police à soufflet en drap bleu de roi ; les gendarmes à cheval de la compagnie de la Seine coiffaient le bonnet à poil, les gendarmes à pied le schako ; la gendarmerie de la Corse faisait usage du schako semblable à celui de la compagnie de la Seine ; la coiffure de la gendarmerie d'Afrique se composait d'un bonnet de police identique à celui de la gendarmerie des départements et de la casquette d'Afrique appelée képi du modèle de 1839, enfin la coiffure de la gendarmerie coloniale se composait du schako, du chapeau et du bonnet de police à soufflet.

Par décret du 23 avril 1850, le bataillon de voltigeurs corses fut supprimé. Cette formation n'ayant pas suffisamment démontrée son efficacité pour réprimer les crimes et les délits qui se multipliaient dans l'île, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République le supprima et le remplaça par un bataillon de gendarmerie mobile. Destiné à opérer sur tous les points de la Corse, l'effectif de ce bataillon fut fixé à 419 militaires répartis en quatre compagnies. Il était placé sous les ordres et dans les attributions du chef de la 17e légion de gendarmerie. Il recevait l'habillement, l'équipement et l'armement de la gendarmerie à pied de la Corse.

1850

Le bonnet de police à visière s'orne du galon d'élite

Par décision ministérielle du 8 août 1850, le ministre apporta quelques modifications à l'uniforme de la gendarmerie. Pour les effets de coiffure, ces modifications consistaient dans l'adoption d'un nouveau schako avec couvre-schako pour la gendarmerie de la Seine et de la Corse, d'un nouveau képy (avec un Y) avec couvre-képy pour la gendarmerie d'Afrique, d'un bonnet de police à visière pour la gendarmerie de la Corse et pour le bataillon de gendarmerie mobile récemment organisé dans ce département et de la suppression du bonnet de police à soufflet pour la gendarmerie d'Afrique.

Le bonnet de police à visière

Destiné à la gendarmerie départementale et aux bataillons mobiles, il était composé d'un calot, d'un bandeau et d'un turban en quatre pièces verticales le tout en drap bleu foncé. Sa visière en cuir verni noir était inclinée de 25 degrés sur l'avant. Sa rigidité était assurée par une coiffe intérieure en basane noire d'une hauteur de 120 mm devant et 160 mm derrière. Le bonnet de police à visière des gendarmes était orné sur toutes les coutures d'une ganse en fil blanc. Comme le chapeau, il fut garni du galon d'élite. Ce galon, en fil blanc de 13 mm, tissé à points de Hongrie, entourait la partie supérieure du bandeau. Une grenade de fil blanc, brodée sur un drap bleu, était cousue sur le devant du bandeau.

Le bonnet de police à visière des brigadiers et sous-officiers était semblable à celui des gendarmes, mais se distinguait par son galon et sa grenade en argent dont le centre de la bombe était en laine bleue. Ses ganses étaient mélangées d'argent et de laine bleue.

La forme et la structure de celui des officiers étaient semblables à celui de la troupe, mais se différenciait par ses tresses plates en argent sur les coutures au lieu des passepoils, sa grenade en argent en cannetilles mates et brillantes et son galon d'élite en argent. Les grades étaient figurés par le nombre de tresses surmontant le bandeau (sous-lieutenant : 1 rang ; lieutenant : 2 rangs ; capitaine : 3 rangs ; chef de bataillon : 4 rangs ; pour le capitaine adjudant-major : le rang du centre était en or ; celui de l'adjudant sous-officier (1) était semblable à celui des sous-lieutenants, mais la tresse plate du bandeau était couleur or).

Le képy de la gendarmerie d'Afrique

Le képy de sous-officiers (2), brigadiers et gendarmes de la gendarmerie d'Afrique était composé d'un calot, d'un bandeau et d'un turban en quatre pièces verticales. Le bandeau était en drap bleu foncé, le calot et le turban étaient en drap gris-bleu de la couleur du pantalon. Il était orné sur toutes ses coutures d'une ganse en argent. Sur le devant du bandeau était cousue une grenade en argent brodée sur un drap bleu foncé. Sa visière en cuir noir vernis était horizontale. Sa hauteur était de 130 mm devant et 170 mm derrière. Sa rigidité était assurée par une coiffe intérieure en forte basane noire. Il possèdait une jugulaire noire vernie et un couvre-képy en toile de coton vernie noire avec couvre-nuque. Le képy n'était pas orné du galon d'élite.

Le képy des officiers, semblable à celui de la troupe, était confectionné en drap fin avec grenade en argent brodée en cannetilles mates. Les ganses étaient remplacées par des tresses plates en argent. Celles qui surmontaient le bandeau indiquaient le grade (sous-lieutenant : 1 rang ; lieutenant : 2 rangs ; capitaine : 3 rangs ; chef d'escadron : 4 rangs ; Lieutenant-colonel et colonel : 5 rangs (pour les lieutenants-colonels le 2e et 4e rangs sont en or).

Par décret du 24 octobre 1851, le bataillon de gendarmerie mobile de la Corse créé un an plus tôt (3) est supprimé. Les officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes sont versés dans la 17e légion de l'arme. Commandée par un colonel, elle est désormais subdivisée en quatre compagnies ayant pour chef-lieu : Bastia, Corte, Ajaccio et Sartène.

(1) L'adjudant sous-officier, d'après la loi du 14 germinal an 5, devait être choisi parmi les sergents ou maréchaux des logis. Il était le premier et le chef de tous les sous-officiers du régiment. ll y en avait autant que d'adjudants-majors sous les ordres desquels ils étaient placés pour les seconder. ll avait l'autorité et l'inspection immédiate sur tous les sous-officiers non seulement pour tout ce qui avait rapport au service et à la discipline, mais encore pour leur tenue, leur conduite privée et leur instruction. Les emplois d'adjudants sous-officier et de maréchaux des logis-chefs ont été créés en gendarmerie avec le décret organique du 22 décembre 1851.

(2) À cette date le grade d'adjudant sous-officier n'existe pas en gendarmerie départementale.

(3) Décret du 23 avril 1850.

1853

Un bonnet de police à visière pour le bataillon de la gendarmerie d'élite

Pour prévenir ou comprimer immédiatement les désordres qui pourraient se manifester sur quelques points du territoire de la République, un  bataillon degendarme d'élite gendarmerie mobile avait été organisé en 1848 (1), à Versailles. Deux ans plus tard (2), un deuxième bataillon était créé  sur les mêmes bases. L'uniforme de ces bataillons de gendarmerie mobile fut en tout point semblable à celui de la gendarmerie des départemBonnet de police à souffletents. Alors que la garde républicaine de Paris prenait, en 1852 (3), le titre de garde de Paris, les deux bataillons de gendarmerie mobile prenaient le titre de gendarmerie d'élite (4).

Par décision ministérielle du 3 avril 1852, le shako de cette unité fut supprimé et remplacé par un bonnet à poil avec plumet en plume de coq écarlate. L'année suivante, le ministre décidait de lui attribuer une nouvelle coiffure de repos. Le 23 avril 1853, le bonnet de police à dragonne était remplacé par un bonnet de police à visière.

Le bonnet de police à visière des officiers était plus petit que le précédent (10 cm par devant et 15 cm par derrière), son calot et son turban étaient en drap bleu clair (5), tandis que son bandeau, haut de 3 centimètres, était en drap bleu foncé de même qualité que celui des vestes ( sur l'ancien modèle, tous ces éléments étaient en drap bleu foncé ). Sa visière, en cuir noir, était de forme carrée à coins arrondis. Elle n'était plus inclinée, mais placée à l'horizontale.

Ce nouveau bonnet fut orné de quelques accessoires supplémentaires. Au-dessus, et sur toute l'étendue de la visière fut placée une fausse jugulaire en galon d'argent, fixée au bandeau par deux petits boutons d'uniforme. Le calot, toujours bordé par une tresse plate en argent, fut orné sur le milieu, et pour tous les grades, d'un nœud hongrois réalisé avec la même tresse. Le turban conservait les tresses en argent, dont le nombre et la nature étaient toujours destinés à indiquer le grade, mais la tresse plate en argent qui recouvrait ses quatre coutures était désormais réservée aux lieutenants et sous-lieutenants. Pour les capitaines cette tresse était doublée. Pour les officiers supérieurs, les quatre pièces du turban étaient ornées de trois tresses en argent. Le galon d'élite, en argent, tissé à points de Hongrie, large de 13 mm qui entourait la partie supérieure du bandeau et la grenade en argent étaient identiques à l'ancien modèle.

Le bonnet de police des gendarmes, brigadiers, maréchaux des logis et maréchaux des logis-chefs et adjudants conservait ses anciennes dimensions (12 cm devant et 16 cm derrière). Les ornements (la grenade et les ganses de fil blanc et le galon d'élite) étaient identiques à l'ancien modèle. Comme celui des officiers, son calot et son turban étaient en drap bleu clair, son bandeau, en drap bleu foncé ( sur l'ancien modèle, tous ces éléments étaient en drap bleu foncé ). Sa visière carrée n'était plus inclinée, mais placée à l'horizontale.

La distinction de grade pour les brigadiers, maréchaux des logis et maréchaux des logis-chefs était semblable en tout point à celle utilisée pour l'ancien modèle ( galon d'élite et grenade en argent, centre de la bombe en laine bleue, ganse mélangée d'argent et laine bleue ). Pour les adjudants, le bonnet de police à visière était identique à celui des sous-lieutenants, mais la tresse plate du bandeau était couleur or.

(1) Arrêté du 5 juillet 1848.

(2) Décret du 11 mai 1850.

(3) Décret impérial du 11 décembre 1852.

(4) La gendarmerie d'élite prendra le nom de gendarmerie de le garde impériale en 1854.

(5) Couleur du pantalon de la gendarmerie depuis le 11 juin 1851.

1853

La gendarmerie coloniale coiffe le képy

En 1853 (1), le schako et le bonnet de police en service dans la gendarmerie coloniale étaient remplacés par le képy et son couvre-képy en tout point semblable au modèle en usage pour la gendarmerie d'Afrique. À cette occasion, le ministre autorisait le port du chapeau de paille pour le service intérieur.

(1) Note ministérielle du 27 juillet 1853.

1857

Un modèle unique de bonnet de police à visière pour toute la gendarmerie

En 1854 (1), le ministre, secrétaire d'État à la Guerre, décidait que la gendarmerieBonnet de police à visière - 1854 départementale serait équipée du même bonnet de police à celui adopté pour les bataillons de gendarmerie d'élite.

Avec l'instruction du 20 octobre 1857, fixant les effets d'équipement et d'habillement de la gendarmerie, un modèle unique de bonnet de police à visière fut attribué aux différents corps de la gendarmerie destinataires de cet effet. Ainsi, la gendarmerie départementale ( sauf la compagnie de la Seine ), la gendarmerie de la Corse, la gendarmerie d'Afrique, les régiments de gendarmerie à pied de la garde impériale, et la garde de Paris (2) recevaient le même modèle de bonnet de police à visière. Ce modèle unique était légèrement différent du modèle de 1853. Sa hauteur arrière était diminuée d'un centimètre (14 cm au lieu de 15 cm), son bandeau en drap bleu foncé passait de 30 mm à 45 mm, la grenade était à neuf flammes. Son calot et son turban conservaient la couleur bleu-clair (celle du pantalon). Les ornements attribués aux gendarmes, aux sous-officiers et brigadiers, aux adjudants et aux officiers étaient identiques en tout point à ceux du modèle de 1853. Seul l'escadron de gendarmerie de la garde impériale conservait le bonnet de police à soufflet en drap bleu de roi et galons en fil blanc.

Les nombreuses modifications apportées au bonnet de police à visière et à la casquette d'Afrique dit képy avaient fait se rapprocher ces deux types de coiffure dans leurs formes, matières, couleurs et ornementation. À cette époque, le képy se différencier du bonnet de police à visière par quelques particularités. Il avait une carcasse en cuir qui rigidifié l'ensemble ; il était plus haut (120 mm devant et 165 mm derrière) ; il possédait des jugulaires en cuir verni noir s'ajustant à l'aide d'une boucle ; il avait pour accessoire un couvre-képy en toile de coton vernie noire (3) ; pour les sous-officiers, brigadiers et gendarme, il était orné sur toutes les coutures d'une simple ganse d'argent de 2 mm, pour les officiers les ganses étaient remplacées par des tresses plates en argent, des rangs de tresse supplémentaire placés horizontalement au-dessus du bandeau indiquaient le grade. Il ne possédait pas le galon d'élite.

(1) Décision ministérielle du 8 mai 1854.

(2) La forme et les dimensions étaient semblables au bonnet de police à visière de la gendarmerie. Pour les gardes, la grenade, les ganses et le galon étaient en laine orange-foncé. Pour les sous-officiers et brigadiers, ces éléments étaient en or et laine orange-foncé. Pour les officiers ces éléments étaient en or.

(3) Par décision ministérielle du 25 février 1862, une ventouse en métal fut fixée au milieu du calot pour permettre une meilleure aération. Les sous-officiers, brigadiers et gendarmes recevaient une seconde coiffe de képy en calicot blanc pour le service en été.

Texte en audio - partie 3 (1871 - 1888)

1871

Le bonnet de police à visière devient une coiffure pour le service

Gendarme départemental - 1870Le règlement du 9 avril 1858 sur le service intérieur de la gendarmerie impériale précisait dans quelles circonstances le bonnet de police à visière pouvait être coiffé. Pour les officiers, cette coiffe était autorisée pour la tenue du matin qui se portait jusqu'à 10 heures seulement. Pour les sous-officiers et gendarmes, le bonnet de police se portait également en tenue du matin ou pour les corvées (entretien de la caserne ou pansage des chevaux), mais uniquement à l'intérieur de la caserne.

Une décision du ministre de la guerre du 7 décembre 1871 autorisait l'usage du bonnet de police dans les services extérieurs de nuit, pour les transports sur les chemins de fer et pour le service de guerres.

Avec l'arrivée de la tunique, le bonnet de police à visière fut conservé. Sa carcasse fut renforcée afin qu'il soit plus rigide. Il fut, dans son ensemble, identique au modèle de 1857, mais présentait quelques nouveautés. Sa visière était faite suivant trois pointures. Pour l'arme à cheval, il comportait deux petites agrafes cousues sur la coiffe afin d'y fixer une jugulaire et pour les officiers supérieurs, son calot s'ornait d'un nœud hongrois formé par deux tresses plates, le nœud hongrois formé d'une seule tresse étant désormais réservé aux officiers subalternes. Les ornements et distinctions étaient les mêmes que ceux du modèle précédent.

Après avoir harmonisé le bonnet de police à visière, le ministre décidait en 1873 (1), que la tunique de la gendarmerie départementale, de Corse, d'Afrique, de la garde républicaine et de la gendarmerie mobile serait également identique afin qu'il n'y ait plus qu'un modèle unique pour toutes ces armes. Les marques distinctives spéciales à chaque arme étaient conservées.

Le mois suivant, le ministre de la guerre modifiait les dimensions du képi droit et rigide des légions de Corse et d'Afrique. Dans une note du 10 février 1873, la visière de cette coiffe était réduite à 40 mm en son milieu (au lieu de 55mm), sa hauteur était réduite à 100 mm devant et 150 mm derrière (au lieu de 120 mm et 165 mm), la ventouse du calot était supprimée. Par touches successives, le képi se rapprochait encore du bonnet de police à visière.

Ce képi et son couvre-képi en toile blanche, qui avaient équipé dès 1853 la gendarmerie coloniale à la place du schako, étaient maintenus dans cette subdivision de l'arme en 1873 (2). Il conservait sa position de coiffure de grande tenue. Indépendamment du Sallaco pour la Cochinchine et du chapeau de paille pour toutes les autres colonies, le bonnet de police à visière, en service dans la gendarmerie départementale, remplaçait le bonnet de police à soufflet.

(1) Décision ministérielle du 13 janvier 1873, modifiant diverses dispositions de l'instruction du 13 août 1872 sur l'uniforme de la gendarmerie.

(2) Instruction du 18 septembre 1873 sur l'uniforme de la gendarmerie coloniale (journal militaire officiel. Partie réglementaire. Année 1873. N° 52).

1874

Le bonnet de police à visière et le képy sont désignés sous l'appellation unique de képi (avec un i)

En 1874, le ministre de la Guerre reconnaissait la nécessité d'assigner une dénomination uniforme à cette coiffure qui fut appelée suivant les époques : bonnet de police à visière, casquette, képy (avec un y), képi (avec un i). Il décida (1) de lui attribuer le nom de képi (2)(avec un i ) car estimait-il, ce nom, facile à prononcer, ne pouvait donner lieu à aucune confusion. Le képi devenait la coiffure de petite tenue des troupes de toutes armes et des officiers sans troupe. Le 8 mai suivant, une décision ministérielle modifiait la visière du nouveau képi de la gendarmerie qui présentait désormais une inclinaison de 30 degrés.

Comme  les autres éléments de la tenue, le képi, dans les armées, poursuivait sa transformation. Cette évolution était rythmée par les marchés passés tous les trois ans pour le renouvellement des effets militaires. C'est à cette occasion que les modifications apportées à la tenue étaient mises en application. Un nouveau marché ne signifiait pas pour autant le changement immédiat de l'effet qui avait fait l'objet d'une modification. Il fallait dans une certaine mesure épuiser les effets en stock du marché précédent et user jusqu'à son terme l'effet modifié en respectant la durée de vie que le bureau de l'habillement et du campement lui avait attribuée.

Cette coiffure, appréciée des militaires, prenait une place de plus en plus importante dans la hiérarchie des coiffures de la gendarmerie. En 1877,  l'indétrônable chapeau de feutre, qui régnait en maître sur l'arme depuis des siècles, subissait une nouvelle attaque. Après l'adoption définitive du révolver pour la gendarmerie, le ministre de la Guerre décidait (3) de dispenser les gendarmes du port du chapeau et du fusil pour les escortes de prisonniers en chemin de fer ou en voiture cellulaire, ainsi que pour les escortes de poudre. Ces missions seraient désormais effectuées en képi. Une autre décision ministérielle du 6 avril 1884 précisait que le port du chapeau galonné d'argent n'était plus exigé pour les services de jour exécutés à la résidence et dans les gares, mais rajoutait ce texte « Toutefois cette coiffure continuera à être de rigueur pour la grande tenue ».

Avec l'instruction du 11 août 1885, le képi reçut un élément de confort supplémentaire. Le diamètre du calot qui le surmontait ne présentait plus une forme circulaire, mais ovalaire, plus ou moins importante suivant la pointure de la visière ce qui permettait un meilleur maintien. Les ornements et attributs étaient identiques au modèle précédent.

(1)  Note ministérielle du 20 avril 1874 (Journal militaire, page 417).

(2) Ce nom vient de l'allemand Käppi qui signifi : petite casquette. Cette coiffe demeure une particularité des armées française au regard des autres armées du monde qui ont opté pour la casquette.

(3) Circulaire du 18 août 1877.

(4) Note ministérielle du 3 juin 1888, modifiant diverses dispositions de l'instruction du 11 août 1885 sur l'uniforme de la gendarmerie.

1888

Une fausse-jugulaire pour le képi des sous-officiers et brigadiers.

En 1874, le ministre de la Guerre avait accordait au sous-officiers de l'armée, la fausse jugulaire en métal jusqu'alors réservée aux officiers. Cet ornement devenait ainsi un insigne distinctif de grade pour les sous-officiers. Cette distinction ne fut mise en application dans la gendarmerie qu'en 1888 (1). Le képi des sous-officiers et brigadiers fut garni, comme celui des officiers, d'une fausse jugulaire en galon d'argent dit en trait côtelé, placée au-dessus de la visière. Elle était fixée par deux petits boutons d'uniforme, auprès desquels étaient placés, sur la fausse jugulaire, deux passants faits du même galon. La visière était bordée d'un jonc en cuir verni.

Cette coiffure, qui équipait désormais la gendarmerie départementale, de la Corse, d'Afrique et la garde républicaine (avec les couleurs propres à ce corps) était devenue la coiffure pour la petite tenue. Pour la grande tenue, la gendarmerie départementale faisait toujours usage du chapeau de feutre noir à trois cornes, l'infanterie de la garde républicaine du schako et la cavalerie du casque à crinière, la gendarmerie de la Corse et d'Afrique d'un képi droit à forme rigide.

Avec la création, en 1888, d'une coiffure de corvée, le primitif bonnet de police à visière recevait enfin son statut de coiffure ordinaire pour tous les services autres que les revues, parades ou cérémonies.

(1) Note ministérielle du 3 juin 1888, modifiant diverses dispositions de l'instruction du 11 août 1885 sur l'uniforme de la gendarmerie.

1888

Le galon d'élite pour le képi des légions de Corse et d'Afrique.

Le terme de képi ayant été donné indistinctement au bonnet de police à visière dit képi et à la casquette d’Afrique dit képy, on décida, dans l’instruction de mars 1885, de désigner sous le terme de « képi du modèle de la gendarmerie des départements » le képi de petite tenue, commun à toutes les armes et par « képi du modèle de la légion d’Afrique » le képi rigide en dotation dans la gendarmerie de la Corse et d’Afrique. Ces deux légions ayant été uniquement dotées de ces deux képis, il fallut donner au « képi du modèle de la légion d’Afrique » une forme plus soignée pour être utilisée en grande tenue. L’instruction du 14 septembre 1888 fut entièrement consacrée aux modifications à apporter à cette coiffure.

Ce nouveau képi présentait un cône oblique tronqué à base elliptique. Il mesurait 105 mm devant et 155 mm derrière. La carcasse en basane de l’ancienKépi rigide - modèle 1888 modèle fut abandonnée au profit d’une carcasse en carton. Son calot de forme elliptique, légèrement enfoncé dans la carcasse, variait suivant les grosseurs de tête. Il était recouvert d’un drap bleu clair. Son turban, du même drap, n’était plus composé que de trois pièces au lieu de quatre. Une pour le devant et les deux autres pour les côtés et l’arrière. Le bandeau, de 47 mm de hauteur, était en drap bleu foncé semblable à celui utilisé pour les vestes. Les coutures du turban et le pourtour du calot étaient recouverts d’une ganse ronde en argent et laine. Ce képi fut à son tour orné du galon d’élite qu’il ne possédait pas jusqu’alors. Tissé à points de Hongrie, en argent de 13 mm de largeur, il entourait la partie supérieure du bandeau. Sa visière, en cuir noir verni, fut rigidifiée par une âme en carton. Sa courbure variait suivant les trois pointures existantes. Sur le devant était cousu un gousset porte-pompon. Une jugulaire en cuir, formée de deux morceaux, était fixée à l’intérieur du képi au moyen de deux boutons.

Outre le galon d’élite, le képi des sous-officiers et brigadiers fut orné, comme le képi de petite tenue, d’une fausse jugulaire, munie de deux passants, en galon d’argent, placée au-dessus de la visière et maintenue par deux petits boutons d’uniforme. Celui des gendarmes était orné du même cordonnet recouvrant les coutures du bandeau et du calot. Sur le haut du turban était fixée une cocarde au couleurs nationales, au centre de laquelle un macaron recouvert d’une ganse en argent et laine recevait la ganse de cocarde. Une grenade en argent, à neufCouvre-nuque pour képi modèle 1888 flammes, était brodée sur le milieu du devant du bandeau.

Le képi des officiers avait les mêmes formes et dimensions que celui de la troupe. Il s’en distinguait par la qualité des matières employées et quelques ornements supplémentaires. Le calot était orné du nœud hongrois à un brin pour les officiers subalternes, à deux brins pour les officiers supérieurs. Les galons de grade, placés au-dessus du turban, furent, comme ceux du képi de petite tenue, en soutache argent au lieu d’être en tresse plate ( or et argent pour les lieutenants-colonels ). Le képi des adjudants était semblable à celui des sous-lieutenants, mais la soutache du bandeau était en or. Les coutures du turban étaient ornées de trois soutaches en argent pour les officiers supérieurs, deux pour les capitaines et une pour les lieutenants et sous-lieutenants. Comme pour l’infanterie (1), les lieutenants-colonels et les chefs d’escadron portaient, en grande tenue de service, un plumet droit de 10 cm aux couleurs nationales. Les colonels avaient une aigrette de 120 cm en plumes blanches.

Un couvre-képi complétait la coiffure. Il était composé d’une enveloppe et d’un couvre-nuque en toile vernie en noir. Il ne comportait aucun ornement distinctif.

(1) Décision ministérielle du 11 juin 1888, portant adoption et description d'un képi de 1re tenue pour les officiers et les adjudants d'infanterie (journal militaire officiel. Partie réglementaire. Année 1886. N° 46)

Texte en audio - partie 4 (1889 - 1904)

1889

Un képi rigide de première tenue pour les officiers de la gendarmerie continentale

Dans une note ministérielle relative aux modifications apportées à la tenue de la gendarmerie, Charles de Freycinet alors ministre de la guerre décidait le 30 juillet 1889 de supprimer le chapeau de petite tenue bordé de noir pour les officiers de la gendarmerie départementale. Pour le remplacer et remplacer leKépi de capitaine modèle 1889 chapeau galonné d'argent qui n'était plus porté qu'en grande tenue de service, il reçurent un képi rigide dont ils ne devaient faire usage qu'en grande tenue à pied seulement ( l'usage de cette coiffure en grande tenue à cheval était autorisée pour les officiers de gendarmerie de la Corse et d'Afrique qui ne possédaient que deux képis).

Trois mois plus tard (1), ce képi recevait quelques modifications. Sa forme et ses dimensions étaient désormais semblables à celles du képi ordinaire. Sa cocarde tricolore en soie était positionnée de manière que son bord inférieur se Képi de gendarme et de garde - Mle 1885situe approximativement au milieu du galon d'élite. Le macaron au centre de la cocarde était remplacé par un bouton d'uniforme. Le pompon, en petites torsades d'argent commun à tous les grades, n'avait plus une forme ovale, mais sphérique. Il n'était plus fixé droit, mais recourbée à peu près à angle droit. D'un diamètre de 37 mm, il était recouvert de petites torsades d'argent de 3 mm de diamètre. 

Il fallut attendre 1891 (2), pour qu'enfin les colonels, chefs de légion de gendarmerie en métropole, soient autorisés, à l'instard des chefs de corps des autres armes, à faire usage en grande tenue d'une aigrette de 120 mm en plume de héron blanches (couleur du commandement).

En 1892 (3),  les sous-officiers, brigadiers et gendarmes étaient autorisés à sortir en képi et non plus en chapeau, toutes les fois qu'ils n'étaient pas en service.
 

(1) Décision ministérielle du 8 octobre 1889, portant modification à la description de l'uniforme de la gendarmerie du 11 août 1885.

(2) Instruction ministérielle du 23 juillet 1891.

(3) Note ministérielle du 9 janvier 1892.

1895

Un plumet pour le képi des officiers de la gendarmerie continentale

Le képi ayant pris une place prépondérante dans nos armées, la question de l'abandon du chapeau dans la gendarmerie fit coulerLieutenant de gendarmerie départementale 1890 un flot d'encre ininterrompu pendant des années. Les rubriques qui lui ont été consacrées par les partisans de son maintien et ceux favorables à sa suppression occupaient les colonnes de la presse militaire. L'évolution de l'uniforme de la gendarmerie nationale invitait assurément à remiser cette précieuse relique dans les vitrines du souvenir.

Dans les années 1890, un inspecteur général de la gendarmerie disait du chapeau : « qu'il ne produit pas un effet heureux avec la nouvelle tenue. Son volume donne à l'homme une ampleur exagérée par le haut, tandis que la disparition du ceinturon jaune et le raccourcissement de la jupe de la tunique le font paraître étriqué par le bas. Il y a là un manque de proportions qui nuit à la beauté et à la sévérité de la tenue et qui rend nécessaire l'adoption d'une autre coiffure ». Réservé à la seule grande tenue de service, ses détracteurs, qui le qualifié de coiffure grotesque, espéraient que cette analyse précipite sa suppression. Malheureusement, tel ne fut pas l'avis du ministre qui décida de le maintenir.

Les modifications apportées à l'uniforme de la gendarmerie avaient été si nombreuses au cours de la décennie, qu'une nouvelle instruction devenait nécessaire. Elle parût le 9 juin 1895. Pour répondre aux remarques des inspecteur généraux, le chapeau y était réduit dans ses dimensions. C'était à peu de chose près le chapeau des écuyers de Saumur.

Le képi rigide des officiers ne recevait qu'une modification depuis la décision ministérielle du 8 octobre 1889. Il était muni d'une jugulaire en cuir verni noir avec bordure en petite soutache en argent. Cette jugulaire était réclamée depuis longtemps, car toutes les armes possédaient cet insigne de service sauf la gendarmerie. Les colonels chefs de légion continuaient de faire usage en grande tenue d'une aigrette en plumes de héron blanches et on relevait enfin le képi des autres officiers d'un plumet, tricolore pour les officiers supérieurs et rouge pour les officiers subalternes, avec olive en argent.

Avec cette nouvelle instruction, les boutons d'uniforme portaient désormais la légende Gendarmerie nationale. LesKépi de brigadier, MdL ou maréchal des logis-chef  Mle 1895 mots ordre public étaient supprimés. Les particularités de la tenue de la gendarmerie de la Corse et de l'Algérie étaient étendu au détachement autonome de la gendarmerie de Tunisie.

Les officiers et gendarmes de ces trois corps recevaient le salako ( casque en liège recouvert d'un coutil écru pour la troupe, blanc pour les officiers ). Il était utilisé l'été suivant les ordres du commandant de légion qui pouvait aussi imposer le képi et son couvre-nuque.

L'année suivante, le tableau des tenues (1) apportait quelques précisions sur l'emploi du pompon et des plumets. Le pompon était porté, en grande tenue, les dimanches et fêtes ; dans toutes les autres circonstances où il était fait usage du képi rigide, le pompon était remplacé par le plumet. Il fut rappelé à cette occasion que les adjudants n'avaient pas de képi rigide. Dans la grande tenue de service à pied, les adjudants portaient le chapeau, comme les autres sous-officiers. Ils ne prenaient d'ailleurs cette tenue que pour les prises d'armes, dans lesquelles le chapeau était obligatoire, même pour les officiers.

(1) Note ministérielle du 3 janvier 1896, portant modification aux règlements des 10 et 21 juillet 1889 sur le service intérieur de la gendarmerie et de la garde républicaine, aux tableaux des tenues.  annexés à ces règlements. (Bulletin officiel de la guerre, partie réglementaire, 1er semestre, page 129)

1897

Un képi semi-rigide pour tous les officiers de la gendarmerie départementale

Le 18 août 1897, le ministre décidait qu'à l'avenir, les officiers de la gendarmerie de Corse et d'Afrique feraient usage du képi de grande tenue, avecGendarme départemental en tenue d'été - 1899 plumet et jugulaire soutachée d'argent, attribué aux officiers de la gendarmerie départementale. Le mois suivant (1), le ministre décidait que les officiers de gendarmerie de l'intérieur, de la Corse et d'Afrique feraient usage, à l'avenir, pour la grande tenue, d'un képi d'un modèle unique, dit semi-rigide.

Ce képi de première tenue, était semblable au képi ordinaire, mais n'était renforcé par un carton que sur la partie antérieure, de manière à donner la rigidité nécessaire au placement des ornements extérieurs (cocarde tricolore, ganse de cocarde, gousset porte pompon, pompon ou plumet). Les soutaches de grade, la grenade et le galon d'élite étaient semblables à ceux du képi ordinaire. Il conservait la jugulaire en cuir verni noir, avec bordure en petite soutache d'argent. Le képi semi-rigide, dit de première tenue, des adjudants était semblable à celui des sous-lieutenants, mais la soutache du bandeau était couleur or.

Après avoir autorisé la gendarmerie de Corse et d'Afrique à coiffer le casque colonial en été, le ministre autorisait, en 1899 (2), les officiers, sous-officiers et gendarmes départementaux à faire usage pendant les fortes chaleurs d'une coiffe de képi munie d'un couvre-nuque en calicot blanc du modèle utilisé par la gendarmerie de Corse et d'Afrique. Le 6 septembre suivant, une note ministérielle décrivait cet effet afin de l'adapter au képi modèle 1895, en usage dans la gendarmerie continentale. Il pouvait être porté avec le couvre-nuque replié à l'intérieur de la coiffe.

Le règlement sur le service intérieur de la gendarmerie départementale de 1900 (3) fixait, dans le tableau des tenues de la gendarmerie de l'intérieur, les coiffures à utiliser suivant la tenue portée. Pour la tenue du matin, la tenue du jour et la tenue de service, les officiers, adjudants, sous-officiers, brigadiers et gendarmes utilisaient le képi de première tenue. Pour la grande tenue, les sous-officiers, brigadiers et gendarmes portaient le chapeau, les adjudants le képi, les officiers le képi rigide. Les officiers, adjudants, sous-officiers, brigadiers et gendarme de la gendarmerie d'Afrique et de Corse portaient le képi pour les trois premières tenues et le képi rigide pour la grande tenue.

(1) Note ministérielle relative au képi de grande tenue des officiers de gendarmerie. (5e Direction; Habillement; Campement; Lits militaires ; Invalides.) Paris, le 23 septembre 1897.

(2) Note ministérielle portant modification à la description de l'uniforme de la gendarmerie en date du 8 juin 1895; Parie, le 13 avril 1899.

(3) Décret du 4 avril 1900, portant règlement sur le service intérieur de la gendarmerie départementale. Bulletin officiel du ministère de la Guerre.

1904

Le bicorne rejoint le musée de l'armée

La fourniture des effets d'habillement, de coiffure, d'équipement, de chaussures, etc., faisait l'objet de marché comprenant plusieurs lots en fonction de la spécificité de l'effet. Les résultats des adjudications précisant le nom des entrepreneurs auxquels les divers lots avaient été adjugés et les prix à payer pour chacun d'eux pour les fournitures qu'il exécutait étaient transmis aux différents échelons de l'arme et notamment aux conseils d'administration des compagnies qui étaient chargés des achats. Cependant, conscient de la lenteur des approvisionnements, les commandants d'arrondissement toléraient que certains effets soient achetés directement dans le commerce.

Le képi ne fit pas exception à la règle. De nombreux officiers, quelle que soit l'arme, s'affranchissant de ces règlements les faisaient confectionner à leur goût, et mode oblige, s'autorisaient quelques écarts pour être plus élégant. Les divers rappels à l'ordre (1) du ministre de la Guerre en 1900 n'y changeront rien. Ainsi apparut le képi dit « Saumur » ou « foulard ».  De forme plus cylindrique, il avait perdu son inclinaison arrière et son calot plus évasé retombait légèrement, Chapeau de grande tenueformant une espèce de bourrelet qui lui valut le nom de foulard. Les caprices de cette mode, tant combattues par les ministres de la Guerre, disparurent comme elles étaient venues.

Dans une décision du 21 mars 1904 (2), le képi détrônait définitivement le chapeau qui était supprimé de la tenue des gendarmes. Le képi rigide en usage dans la gendarmerie de la Corse et d'Afrique était également supprimé. Ce n'est qu'en 1907 que le ministre de la Guerre prescrivit la mise à l'étude d'un casque pour la gendarmerie départementale. Ce couvre-chef, outre ses qualités d'arme défensive, devait être à la fois sévère et élégant afin de rehausser la grande tenue qui n'avait plus que le képi. La gendarmerie commença à percevoir ce casque qu'en 1913.

Le 15 septembre 1907 paraissait une instruction sur les tenues et uniformes, formant un volume complet de l'édition méthodique du bulletin officiel. Les hauteurs du képi furent fixées à 100 mm devant et 130 mm derrière. Le diamètre du calot pour les pointures moyennes fut fixé à 170 mm en longueur et 160 mm en largeur, ramenant la forme du képi à une forme plus cylindrique.

Afin de mettre les différentes tenues des officiers de la gendarmerie en harmonie avec les prescriptions (3) relatives à la tenue des officiers de toutes les armes, une circulaire du 2 février 1911 prescrivait que le képi rigide muni de son plumet ne soit plus porté qu'en grande tenue. Le 22 septembre 1912, le képi rigide de grande tenue ne fut plus porté que par la gendarmerie d'Afrique et de Corse. La grande tenue de la gendarmerie en métropole comportait désormais le casque.

(1) Circulaire du 21 mai 1900 interdisant le port du képi mou dit « Saumur ». (Bulletin officiel de la guerre, partie réglementaire, 2e semestre, page 1384)
et circulaire du 20 août 1900 rappelant l'interdiction du port du képi mou dit « Saumur ». (Bulletin officiel de la guerre, partie réglementaire, 2e semestre, page 1454).

(2) Notification du 21 mars 1904 sur les diverses modifications à la tenue de la gendarmerie de l'intérieur et de la gendarmerie de Corse et d'Afrique.

(3) Instruction du 3 novembre 1910.

Texte en audio - partie 5 (1914 à nos jours)

1914

Un képi toutes armes

Au cours des années précédant la Grande Guerre, la très grande majorité des effets composant la tenue de la gendarmerie avait subi des modifications. Lorsque la guerre éclata, de nombreux officiers et gendarmes partirent aux armées alors qu'ils n'avaient pas eu le temps de se faire confectionner les nouveaux effets. Dès l'automne, les tenues accusaient une telle usure qu'il fallut les remplacer. Les officiers et gendarmes rencontrant les plus grandes difficultés à obtenir les effets dont ils avaient besoin, n'eurent d'autre choix que d'utiliser ceux qu'ils pouvaient se procurer.  On vit alors des gendarmes avec des tenues panachées. Pour remédier à cet inconvénient, une note du 9 décembre 1914, rendit applicable aux formations mobilisées de la gendarmerie, la tenue horizon prescrite (1) pour les troupes aux armées. Le képi, la vareuse, la culotte et les bandes molletières, le tout en drap bleu clair ; plus tard s'ajoutèrent la capote et le manteau.Képi toute armes - Modèle gendarmerie 1918

Le képi n'avait ni passepoil, ni insigne, ni galon. Son bandeau et son turban étaient formés à l'aide d'une seule bande de drap en deux morceaux dont les extrémités étaient réunies par deux coutures placées à l'avant et à l'arrière du képi. Le calot de forme ronde ne comportait aucun renforcement ; le dessus affleurait les bords supérieurs du turban. Il était pourvu d'une jugulaire et de ventouses. Sa hauteur sur le devant était de 80 mm ; sur le derrière : 115 mm ; le diamètre de son calot était de 145 mm.

Ce képi de modèle unique ne permit pas aux gendarmes d'être parfaitement identifiés dans les missions dont ils étaient chargés. Le 5 juin 1915, ce képi prit la grenade en coton blanc et le galon de fonction lézardé en fil blanc (ou galon d'élite). En octobre, la tenue horizon était étendue aux gendarmes de complément.

Le 15 février 1918, ce képi reçut quelques modifications. Sa hauteur sur la partie arrière fut ramenée à 100 mm, son calot fut légèrement ovalisé (190 mm X 180 mm) ; il comportait un renfoncement de 15 à 20 mm en dessous du bord supérieur ; son bandeau était rigidifié par un carton de 60 mm de largeur placé à l'intérieur et un cercle d'acier était fixé autour du calot pour maintenir sa forme ; la largeur de sa visière en son milieu était de 60 mm.

(1) Circulaire du 17 septembre 1914.

1921

Le képi des années vingt

Le 20 janvier 1921, une nouvelle description du képi des gendarmes et chefs de brigades paraît. C'est le képi « polo » aux couleurs traditionnelles d'avant-guerre. Il est de forme cylindrique. Son bandeau consiste en une bande de drap bleu foncé d'une hauteur de 7 cm. Il est rigidifié par un carton imperméabilisé. Son turban, formé de quatre pièces de drap de nuance « bleu gendarme », est assemblé au calot et au turban par des coutures ornées d'une Képi gendarmerie départementale modèle 1923ganse en fil blanc de 2 mm. Il mesure 1 centimètre devant et 2 centimètres derrière. Le galon d'élite tissé à point de Hongrie*, de 13 mm de largeur, entoure la partie supérieure du bandeau et se trouve placé à 2 mm de la ganse qui recouvre la couture du bandeau. Le calot de nuance « bleu gendarme » est renfoncé dans le turban de 15 mm. Une ventouse grillagée est fixée en son milieu. Un cercle d'acier est fixé autour du calot pour maintenir la forme du képi.

Une fausse jugulaire en galon métal, façon dite entrait côtelé de 10 mm en argent est fixée au-dessus de la visière par deux petits boutons d'uniforme. Deux petits passants faits du même galon sont disposés sur cette jugulaire. La visière en cuir verni noir de 3 mm d'épaisseur est bordée d'un jonc en cuir verni. La flèche de sa concavité varie en fonction de la pointure. Le képi est orné sur le devant du bandeau d'une grenade en cordonnet de coton blanc. C'est une grenade à neuf flammes.

Le képi des chefs de brigade de 3e et 4e classe se différencie de celui des gendarmes par le galon d'élite et la grenade qui sont en argent. Le centre de la bombe de la grenade étant en laine bleue. Les ganses sont mélangées 2/3 d'argent et 1/3 de laine bleu foncé. Le képi des chefs de brigades de 1re et 2e classe est semblable à celui des sous-lieutenants, mais la soutache du bandeau est en or. Celui des chefs de brigade hors classe est semblable à celui des sous-lieutenants, mais la soutache du bandeau est en argent mélangée d'un tiers de soie ponceau.

Le 6 septembre suivant, le képi des officiers était à son tour modifié. Il était semblable à celui de la troupe dans sa forme et couleur. Sa grenade était brodée en cannetille mate avec paillettes. Le galon d'élite en trait d'argent est tissé en point de Hongrie (1). Il est garni de soutaches en argent de 4 mm pour les officiers supérieurs, 6 mm pour les officiers subalternes.

Espacé de 2 mm, leur nombre indique le grade. Pour les lieutenants-colonels, les 2e et 4e soutaches sont en or. Les soutaches, ornant les coutures verticales du turban, sont simples pour les sous-lieutenants et lieutenants, doubles pour les capitaines et triples pour les autres grades. Une même soutache est également cousue autour du calot à 5 mm environ du renfoncement. Le calot est orné d'un nœud hongrois à un brin pour les officiers subalternes et à trois brins pour les officiers supérieurs. Il est, pour tous les grades, de même couleur que les galons de grade. Le nœud occupe tout le calot.

En 1927 (2), l'instruction du 1er septembre 1926 concernant la description des uniformes de la gendarmerie départementale fut appliquée à la garde républicaine mobile créée en 1921. Pour distinguer les deux armes, tous les attributs argent de la gendarmerie départementale étaient désormais couleur or pour la garde républicaine mobile. Les galons, la grenade et les ganses du képi furent également de couleur or (pour les lieutenants-colonels, les 2e et 4e rangs de galon de grade étaient argent).

(1) Dans les modifications de l'uniforme apportées le 30 mars 1923 au bulletin officiel, le galon d'élite tissé à point de Hongrie est remplacé par un galon de même dimension, mais en trait d'argent, tissé façon bâton.

(2) Additif du 30 novembre 1927 à la description des uniformes de la gendarmerie du 1er octobre 1926.

1930

Le képi de la garde républicaine prend l'écarlate

En 1933 (1), la couleur « orange foncé » qui caractérisait la garde républicaine de Paris et la garde républicaine mobile est abandonnée au profit de « l'écarlate » (rouge) dans tous les éléments et accessoires de la tenue qui comporte cette couleur.

Le képi des gendarmes de ces deux formations, qui est semblable à celui de la gendarmerie départementale, est légèrement modifié. Son bandeau est de 80 mm de hauteur. La hauteur de son turban, au-dessus de la ganse, est de 10mm sur le devant et de 15 mm sur le derrière. Le calot, qui est renfoncé de 5 mm dans les bords du turban ne comporte plus de ventouse. La fausse jugulaire en galon or métal, façon dite en trait côtelé est de 12 mm de largeur. Sa visière de forme droite, de 55 mm dans sa plus grade largeur est en cuir verni noir. La grenade à huit branches est en cannetille d'or.

Pour les gardes et élèves-gardes, le galon façon bâton et les ganses sont en soie écarlate. Pour les maréchaux des logis-chefs, le galon façon bâton est en or et les ganses en soie de 2mm sont remplacées par une soutache de 5 mm de largeur en or mélangé d'un tiers de soie écarlate. Pour les adjudants, le képi est semblable à celui des sous-lieutenants, mais la soutache est en argent mélangée d'un tiers de soie écarlate. Pour les adjudants-chefs, la soutache est en or mélangé d'un tiers de sois écarlate.

(1) Modificatif du 13 février 1933 à la description des uniformes ( BO, partie permanente, page 396).


 

Le képi de nos jours

De nos jours, le képi est toujours une coiffure de forme elliptique, qui a très peu varié avec le képi d'avant-guerre hormis les matières avec lesquelles il est réalisé. Les matières plastiques, les nylons, les fils en polyamide, l'acétate de cellulose et la rayonne de coton ont remplacé le coton, le basane, les colles et les enduits utilisés pour le garantir de la transpiration et de la pluie. Sa hauteur est de 105 à 100 mm. Il est, comme à son origine, composé d'un bandeau en drap bleu foncé, d'un turban et d'un calot en drap bleu gendarme, d'une fausse jugulaire, d'une visière, d'une coiffe intérieure et d'une carcasse intérieure rigide sur laquelle sont tendus le bandeau et le turban.

Le képi comporte, outre la grenade, un galon de fonction tissé façon bâton, des galons de grade, des soutaches et éventuellement, des motifs en soutache dits nœud hongrois.

Le bandeau est constitué d'une bande en drap bleu foncé dont les extrémités sont assemblées sur le derrière de la coiffure. Il est de hauteur variable suivant le grade et mesure 75 mm pour les grades inférieurs. Sur le devant et au milieu est brodé une grenade de couleur or ou argent suivant la subdivision d'Arme. Une fausse jugulaire, constituée d'un galon en trait côtelé or ou argent de 12 mm de largeur s'appuie sur la visière ; elle est tendue entre deux boutons d'uniforme or ou argent. Deux petits passants confectionnés du même galon sont disposés sur la fausse jugulaire à proximité des boutons.

Le galon de fonction de 13 mm de largeur, tissé façon bâton, entoure sa partie supérieure. Il est de couleur argent pour les officiers, élèves officiers et gradés de la gendarmerie départementale et de couleur or pour les officiers et gradés de la gendarmerie mobile et de la garde républicaine. Ce galon est en fil blanc pour les gendarmes départementaux, en fil jaune pour les gendarmes mobiles, en fil écarlate pour les gardes, en fil bleu pour les gendarmes adjoints volontaires.

Képi de maréchal des logis chef départemental
Képi gendarme mobile
Képi de garde - Garde républicaineKépi gendarme adjoint volontaire

Le bandeau est prolongé vers le haut par le turban en drap bleu gendarme destiné à recevoir les soutaches de grades. La hauteur apparente située au-dessus de la soutache supérieure est de 5 mm environ. Les soutaches de grade or ou argent sont posées sur le turban. Leur nombre varie avec le grade.Képi de colonel de gendarmerie départementale Les soutaches montantes ornant les quatre pièces de drap utilisées pour former le turban sur les vieux modèles ont été conservées. Ces soutaches de même largeur et de même couleur que les soutaches de grade sont au nombre de trois pour les officiers supérieurs, deux pour les capitaines et une pour les lieutenants et sous-lieutenants.

Le calot, de forme elliptique, est renfoncé de 5 mm dans le turban. De la même couleur du turban, il est ajusté sur Képi d'adjudant/chef et major de la gendarmerie mobileun tendeur pour lui garder sa forme. Une soutache identique à la soutache de grade du turban est posée sur le pourtour du calot.

Il est orné extérieurement d'un nœud hongrois de la même couleur que les soutaches de grade. Le nœud hongrois du calot des officiers supérieurs est constitué de trois soutaches de 2 mm de largeur, celui des officiers subalternes est fait d'une seule soutache de 6 mm de largeur. Celui des sous-officiers supérieurs est réalisé avec la soutache de garde de 5 mm argent ou or mélangé de soie rouge en opposition de la couleur du bouton pour les adjudants.




 

Le personnel féminin de la gendarmerie nationale ne porte pas le képi, mais une coiffure du genre postillon.

Cette coiffure présente une calotte de forme tronconique à fond plat et un bord relevé entoilé et surpiqué. Le bandeau et le bord relevé sont en tissu bleu foncé gendarme. Le fond plat est en tissu bleu gendarme. La rigidité de la calotte est obtenue par une carcasse en matière plastique. Cette coiffure comporte une doublure intérieure comme le képi. Sur le devant du bandeau, est brodée verticalement une grenade bois de cerf de couleur or ou argent suivantPostillon de capitaine la subdivision d'arme.

Le calot du postillon des officiers supérieur est orné d'un nœud hongrois à trois brin, or ou argent, de 1,2 mm. Celui des officiers subalternes et des sous-officiers supérieurs, d'un nœud hongrois à un brin, or ou argent, de 3 mm de large.

Postillon d'adjudant-chefUne bande amovible de 35 mm en tissu bleu foncé gendarme destiné à supporter le galonnage est posée à l'extérieur de la base de la calotte. Elle reçoit le galon de fonction de 14 mm de largeur, tissé façon bâton et les soutaches de grade or ou argent suivant la subdivision d'arme.

Pour les officiers supérieurs, les soutaches, or ou argent, ont 2,5 mm de largeur, celles des officiers subalternes ont 3 mm de largeur. La soutache des sous-lieutenants est de 4 mm comme celle des majors, adjudants-chefs, adjudants et maréchaux des logis-chefs. Pour les gendarmes, gardes et gendarmes adjoints volontaires, les soutaches sont remplacées par des ganses jaune, écarlate ou bleu de roi comme pour les képis des gendarmes.

 

 

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